(Français) Criminalité transnationale: Messahel souligne l'importance de la coopération régionale et internationale

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APS : Mercredi, 24 Mai 2017
ZAVIDOVO (Russie) – Le ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel a insisté mercredi à Zavidovo (Russie) sur l’importance du développement de la coopération
bilatérale, régionale et internationale dans la lutte contre la criminalité transnationale organisée, réitérant la disponibilité de l’Algérie “à ne ménager aucun effort à cette fin”.
“La criminalité transnationale organisée est un fléau en pleine expansion au plan régional et international. La liste des secteurs investis par les activités criminelles transnationales ne cesse de s’allonger alors que l’assise territoriale de ces mêmes activités ne cesse de s’étendre”, a relevé M. Messahel dans sa communication sur “La criminalité organisée transnationale” lors de la huitième rencontre internationale des hauts responsables des questions de sécurité.
“Comme pour la lutte contre la menace terroriste, les efforts que nos pays respectifs consentent dans la répression de la criminalité transnationale organisée requièrent le développement de la coopération bilatérale, régionale et internationale autour d’axes prioritaires que nos présents débats contribueront, j’en suis convaincu, à dégager dans le cadre des recommandations finales de cette rencontre”, a-t-il déclaré.
M. Messahel a fait remarquer que “la cyber-sécurité dans un contexte de développement accéléré des technologies de l’information et de la communication ainsi que la criminalité transnationale organisée sont des réalités qui interpellent avec urgence nos pays individuellement et collectivement en vue de leur prise en charge aux plans national, régional et international dans le cadre de processus de coopération toujours plus ciblés et mieux coordonnés”.
“La détresse humaine de personnes innocentes et vulnérables – hommes, mais surtout femmes et enfants – jetés sur les routes de l’exil et de la migration illégale par les conflits armés, la pauvreté extrême, la mauvaise gouvernance ou les violations des droits de l’homme est devenue un autre fonds de commerce prospère pour la criminalité transnationale organisée”, a-t-il dit, ajoutant que “la piraterie, l’environnement ou encore la prise d’otage contre rançons et le trafic dans les biens culturels sont parmi les nombreux autres domaines ciblés par la montée de cette criminalité”.
Le ministre a indiqué que les organisations criminelles “font aussi preuve d’ingéniosité, exploitant à leur avantage les progrès de la science et surtout ceux de la technologie de l’information et de la communication”, précisant qu’elles “investissent Internet et l’utilisent pleinement au service de leurs activités criminelles”.
“Ces organisations criminelles transnationales font également jonction avec les groupes terroristes et s’entraident mutuellement aggravant par-là la menace que les uns et les autres représentent pour la paix, la stabilité et la sécurité internationales”, a-t-il poursuivi.
Pour M. Messahel, l’harmonisation des législations nationales, le développement de la prévention, le renforcement de l’assistance aux pays les plus exposés ainsi que la mise d’Internet à l’abri de son utilisation par les organisations criminelles transnationales “sont quelques-unes des voies autour desquelles la coopération internationale pourrait se développer”.
Il a, à cet égard rappelé, “l’importante” recommandation faite, sur proposition de l’Algérie, par l’atelier international sur le rôle d’internet et des réseaux sociaux dans la lutte contre le terrorisme, tenu à Alger l’année dernière, relative à la mise en place sous l’égide des Nations Unies, d’une Charte internationale consensuelle de protection d’internet contre son exploitation par les groupes terroristes, précisant que cette charte “pourrait valablement inclure également les activités criminelles transnationales”.
Concernant l’Algérie, M. Messahel a indiqué que le pays, “qui se situe dans un environnement géopolitique aujourd’hui malheureusement fortement instable, enregistre depuis quelques années déjà une forte progression des activités liées à la criminalité transnationale organisée”, relevant qu’il s’agit notamment du développement du trafic illicite de stupéfiants, de la contrebande et de l’immigration illégale. “Cette criminalité représentait, en 2015, 13% de la criminalité globale traitée”, a-t-il précisé.
Evoquant le trafic des stupéfiants, il a indiqué qu’il avait connu une “croissance notable entre 2010 et 2015, avec la saisie de 465 tonnes de cannabis provenant en totalité de la frontière Ouest”. “Le phénomène montre que l’Algérie demeure une région de transit de résine de cannabis acheminée par les organisations criminelles via la zone du Sahel vers les destinations finales, essentiellement l’Europe et le Moyen-Orient”.
“S’agissant des drogues dures, cocaïne et héroïne en l’occurrence, leur apparition en Algérie constitue un indicateur révélateur d’une nouvelle menace sur notre pays, au regard de sa position géostratégique et de la connexion entre les routes de la cocaïne en provenance de l’Amérique Latine, de l’héroïne en provenance de l’Afghanistan et du cannabis en provenance de la frontière Ouest à destination de l’Europe”, a-t-il ajouté.
Concernant les flux de migration illégale, M. Messahel a relevé que “l’Algérie, de pays d’origine et de transit, est devenue aujourd’hui un pays de destination pour des milliers de ressortissants de pays africains, principalement limitrophes, et de réfugiés syriens fuyant la guerre qui ravage leur pays”.
“Cette immigration a connu une augmentation significative depuis 2011 en raison des conflits survenus au Mali et en Libye, mais aussi dans toute la bande sahélo-saharienne du fait de l’aggravation de la menace terroriste provoquée par Boko Haram et les autres groupes terroristes, ainsi que par la persistance de la pauvreté et les bouleversements environnementaux dus notamment à la sècheresse”, a-t-il expliqué, indiquant que cette immigration “est fortement exploitée par la criminalité transnationale organisée à travers le développement de réseaux de passeurs activant le long de différentes routes migratoires, engendrant pour le pays le développement de diverses activités criminelles et l’insécurité”.
Pour faire face à ces défis, le ministre a rappelé les mesures prises par l’Algérie, citant notamment le renforcement de l’arsenal législatif et sa mise en conformité avec les normes internationales à travers l’adhésion aux principaux instruments internationaux en la matière, le renforcement et l’adaptation des dispositifs de contrôle et de surveillance aux frontières, y compris maritimes, le développement et la modernisation des institutions de formation, notamment avec la création de l’école de police judiciaire de la gendarmerie nationale et la création d’un nouveau pôle scientifique et technique constitué de l’institut national de criminalistique et de criminologie, du centre de recherche et de développement et de la division de documentation et juridique.
Par ailleurs, M. Messahel a rappelé la tenue à Alger les 9 et 10 mai courant d’un atelier des pays méditerranéens membres du Groupe des “5+5” consacré aux thèmes de la sécurité du cyberespace et de la criminalité organisée transnationale.
“En matière de lutte contre la criminalité transnationale organisée, cette rencontre a formulé des recommandations d’une grande importance pour nos présents travaux, parmi lesquelles l’échange de bonnes pratiques, la promotion de la coopération bilatérale et régionale, l’amélioration de l’efficacité des dispositifs répressifs, l’harmonisation des systèmes judiciaires, ainsi que l’amélioration de la coopération dans le ciblage et le tarissement des ressources financières des groupes criminels”, a-t-il conclu.

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